À la Mosa Ballet School, l’objectif, c’est l’excellence. Une gracieuse arabesque, une pirouette parfaite, un grand développé éblouissant. Mais pas à tout prix.

Dans cette vidéo La vie à la Mosa, enfilez les chaussons de ces jeunes prodiges et suivez leur parcours, depuis leurs premiers jours à l’école de danse jusqu’à l'instant émouvant des au revoir. De l’enfant aux rêves plein les yeux au jeune danseur professionnel, un parcours scolaire complet en trois minutes.

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« Breathe. Bring energy into your arms and legs. Six, seven, eight ! » Ils sont en sixième année et écoutent leur professeur de danse avec attention, les bras pliés devant eux, légèrement penchés comme s'ils embrassaient un partenaire de danse invisible. Il est 13h30 et ils viennent de terminer une matinée de cours académiques. Des garçons et des filles de 18 ans qui n’ont qu’un rêve en tête : devenir danseurs professionnels. Leurs visages affichent un mélange de concentration et d’enthousiasme. Car pour réaliser ce rêve, ils le savent, ils devront travailler très dur. 

Mais ce n'est pas tout. Si la barre de danse est pour eux synonyme de discipline, l’ambiance qui règne dans les couloirs de l’école est détendue. Des filles bavardent, des garçons plaisantent, des professeurs enjoués se rendent au prochain cours. Ici, tout le monde s’appelle par son prénom. « Nous formons une grande famille », nous explique-t-on. 

À la tête de cette grande famille, Benjamine De Cloedt et Damien Comeliau, les fondateurs de la Mosa Ballet School. « Damien est la tête, je suis le cœur », s’amuse Benjamine De Cloedt. Il y a quinze ans, elle réalise que la pression, la compétition et la discipline qui règnent dans l’école de ballet de sa propre fille conduisent à des excès. Il peut en être autrement. Ce credo ne l’a jamais quittée (voir plus loin Un rêve et un hommage). « Mosa veut créer du lien, et non diviser. L’école veut donner aux étudiants un point d’ancrage, tout en permettant à leur talent de se déployer. » La Mosa réconcilie attentes élevées, discipline et contrôle de soi avec les notions de tolérance, de flexibilité et de liberté.  Where performance is king, and humanity is queen, telle est la devise qui figure sur son site internet. Delen Private Bank est fière de soutenir ce projet qui met l’art au service de jeunes talents de manière sociale et inclusive.  

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Benjamine De Cloedt (présidente) et Damien Comeliau (administrateur délégué) ont une vision très précise du ballet. « Nous la résumons en deux mots : conscious competition », explique Damien Comeliau. « L’excellence est l’objectif de toute école de ballet. Mais à la Mosa, nous apprenons aussi à nos élèves à être pleinement conscients du zèle qu’ils mettent à exceller. Nous défendons une approche équilibrée, en prêtant attention à la situation dans son ensemble. Le chemin qui y mène est tout aussi important que les prestations accomplies. Tout part de nos trois valeurs : excellence, humanité et collaboration. »

Intégrer le top 5 mondial

Au sujet de l’excellence, la Mosa ne manque pas d'ambition. « Nous voulons figurer parmi les cinq premiers acteurs dans le monde », déclare Benjamine De Cloedt avec détermination. « Et nous sommes sur la bonne voie. Wim Broeckx (chorégraphe et pédagogue belge de renommée internationale, Ndlr) est venu nous voir il y a quelque temps et a été particulièrement impressionné. Le niveau de la Mosa sera systématiquement relevé, ce qui n’est possible que par une sélection rigoureuse. Mais de manière humaine. » 

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Wilfried Jacobs, Head of Faculty, embraye. « Nous fournissons aux étudiants tous les outils possibles pour accéder à leur rêve. Nous les évaluons régulièrement, dont une première fois dès le mois de décembre. Nous utilisons une méthode d’évaluation pédagogique que j'ai apprise en Finlande. L’élève et le professeur évaluent les prestations sur la base du même document d’évaluation. Ensemble, ils parviennent à un accord : ce qui va bien, les points à améliorer, etc. L’accent est mis sur les valeurs plutôt que sur les résultats. »

Enseignant et élève peuvent tous deux tirer la sonnette d’alarme si les choses ne se passent pas comme prévu. « Vous avez vu ce jeune homme blond tout à l'heure au cours de danse moderne ? C'est Hugo, il a étudié dans une prestigieuse école de ballet jusqu’à l’an passé. Eh bien, le 30 juin,  on lui a dit qu’il devait partir, alors qu’il était en avant-dernière année. Ce n'est quand même pas humain cela, si ? »  

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Damien Comeliau détaille le projet pédagogique de la Mosa. «  Les élèves qui quittent l'école ne sont pas uniquement des danseurs professionnels. Nous formons nos élèves à devenir de jeunes adultes passionnés, sages et résilients, capables de prendre différentes directions, y compris en dehors de la danse classique. C'est pourquoi les élèves de moins de 18 ans doivent combiner leur formation en danse avec un enseignement secondaire officiel. Nous voulons ouvrir des portes sans en fermer d'autres. »

À la Mosa, les élèves apprennent à la fois la danse classique et la danse contemporaine. « C'est ainsi que nous augmentons leur employabilité dans les compagnies qu’ils pourront intégrer plus tard », explique Olivier Patey, directeur artistique de la Mosa. « Le niveau du ballet a énormément évolué ces dernières décennies. Ce qui était autrefois réservé aux seuls danseurs solistes d’une compagnie est aujourd’hui exécuté par le corps de ballet, le groupe de danseurs. Il est donc encore plus difficile d’être un danseur étoile. »  

Quels danseurs de ballet les élèves admirent-ils ? « Marianela Núñez ! » Ifunaya (14 ans), originaire du Nigeria, n’a pas besoin de réfléchir très longtemps. « Je l'ai vue lors d’un stage au Royal Ballet à Londres. Elle est très modeste et gracieuse. Elle m’a même offert un T-shirt, il est dans ma chambre. » L'idole d'Élise danse également au Royal Ballet. « Yasmine Naghdi, c’est la perfection », estime-t-elle. De son côté, Ainhoa apprécie Maria Khoreva. « C'est une travailleuse acharnée, c’est quelque chose que j’admire. Et elle a son anniversaire le même jour que moi ! »

Mais dans le fond, qu'est-ce qui fait l’étoffe d’un grand danseur ? Wilfried et Olivier les repèrent-ils dès qu'ils entrent dans la salle d’audition ? « Non », tranche Olivier. « C’est vrai que nous voyons le potentiel et le talent, quelque chose dans les yeux, dans l’expression. Mais, en réalité, beaucoup dépend de la volonté. Ainsi que de la chance. Un accident est si vite arrivé… C'est pourquoi avoir un plan B est tellement important. » 

Ceci est votre maison. Et elle le restera.

Le bien-être du danseur justement, parlons-en. C’est un aspect souvent négligé dans le monde du ballet. Dès leur plus jeune âge, les enfants mettent leur corps et leur esprit entièrement au service de leur passion. Les sacrifices sont grands. Il faut faire face à la douleur, à la compétition, aux déceptions, à la malchance parfois cruelle... Et tout cela loin de chez soi le plus souvent.   

Emma (17 ans), de San Francisco, est en pause après son entraînement. Tout en nous parlant, elle fait craquer ses orteils. « La combinaison de l’effort physique et de la pression mentale est difficile, c’est vrai. Mais c’est ce que j'ai choisi de faire. Et j’adore ça ! » Un sourire radieux aux lèvres, Ifunaya ajoute : « Hard work ? Non, smart work !  Si je veux améliorer mon grand écart et que seule ma jambe gauche n’est pas encore parfaitement positionnée, je dois me concentrer sur cette jambe et non sur le reste du mouvement. Vous comprenez ? »  

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Benjamine De Cloedt et son équipe déambulent parmi les jeunes comme s’il s’agissait de leur propre famille. « Ton premier jour s'est bien passé ? », demande Wilfried – en japonais – à un élève. « Tu t'es très bien débrouillée, Nevaeh », dit fièrement Benjamine à la jeune fille qui vient de terminer une séance de photos. « Tu es une vraie star ! » Et puis, il y a Xavier, l’homme à tout faire, qui veille au grain. Il reste souvent plus longtemps à l’école pour s’assurer que les élèves mangent bien.

Un petit garçon haut comme trois pommes passe à côté de nous. Wilfried fait les présentations : « Alistair, 12 ans, de France ». Il voulait être danseur. Ses parents l’ont inscrit dans une école de danse amateur, mais Alistair a tout de suite voulu passer aux choses sérieuses. Grâce au stage d’été de la Mosa, il a intégré l’école de ballet. « Il a encore le cafard ? », s’inquiète Benjamine. 

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Nous rendons la danse classique accessible au plus grand nombre.

— Benjamine De Cloedt

Les enfants talentueux dont la famille n’a pas les moyens de payer les frais d’inscription peuvent bénéficier d’une bourse. « Le manque d’argent ne doit pas mettre un frein à leur rêve », assène Wilfried.  

Outre la danse, les élèves reçoivent également des cours d’anatomie, de musique, et d’histoire de la danse et de l’art. « Nous leur enseignons aussi l'importance de la nutrition, des techniques de relaxation, la prévention des blessures et d’autres aspects liés au bien-être », ajoute Benjamine De Cloedt. « Nous avons même récemment commencé à donner des cours de cuisine aux élèves qui sont sur le point d'obtenir leur diplôme ! »  

Le ballet est un mode de vie. Wilfried Jacobs : « Une telle décision demande beaucoup de maturité et d’indépendance. Ce sont de jeunes adultes. À 16 ans, ils peuvent partir en kot s'ils le souhaitent. Ils vivent seuls, mais viennent quand même chez nous pour avoir des repas équilibrés. En dernière année, ils suivent un cours de "préparation à la vie professionnelle", au cours duquel nous les aidons à préparer leur CV, un portfolio avec des photos et une vidéo pour les auditions. Nous voulons les préparer à cela aussi : apprendre à échafauder un plan, à prendre des responsabilités, à être indépendants. »

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Sur ces entrefaites commence la leçon de pointes – qui consiste à entraîner les élèves à danser sur la pointe des pieds. Les instructions du professeur ont des allures de langage codé, mais les élèves semblent savoir exactement ce qu’ils doivent faire. « Shoe-shoe, tak-tak, straight. And over the shoes, come down nicely. » Les jambes se lèvent gracieusement, les pieds glissent en rythme sur le sol. La pianiste qui accompagne musicalement les danseurs commence à jouer puis s’arrête net, pile au bon moment et sans qu’on lui fasse signe, comme si elle avait le don de télépathie. « Heads, hips, feet – this is your axis », poursuit le professeur. « This is your house. It stays. » Une image tout à fait appropriée, et à plus d’un titre. 

Quand on Danse

L’ambition de la Mosa ne se limite pas à être une excellente école de ballet. Elle veut aussi avoir un impact positif au-delà des murs de l’école. Avec Quand on Danse, la Mosa entend ainsi jouer, grâce à la danse, un rôle social et même thérapeutique. « La danse s’avère être un outil très efficace pour le bien-être physique, mental et cognitif des personnes âgées, entre autres. C’est pourquoi nous voulons rendre la danse accessible au plus grand nombre. Cela augmente considérablement la valeur ajoutée de notre projet scolaire, car il change non seulement la vie de la centaine d’élèves de l'école, mais aussi la vie des gens qui l’entourent. C’est ce que j'appelle la danse avec un grand D. »  

« La danse parle un langage universel et est donc intrinsèquement inclusive », explique Sven Van Damme, Development Assistant. « La danse peut créer du lien, exprimer, émanciper et communiquer. Elle ne se limite pas à de grands mouvements compliqués. Il peut s’agir de petits gestes, avec les mains ou les doigts. De cette manière, on l’ouvre à tous, par exemple aux patients atteints de la maladie de Parkinson ou d'Alzheimer. C’est non seulement une révélation pour eux, mais aussi pour nous, danseurs et futurs danseurs. C’est un enrichissement mutuel. »  

Récemment, la Mosa a organisé son premier colloque intitulé "Dancing with the elderly". Des médecins, des experts en danse adaptée, des auxiliaires médicaux, des personnes issues du monde de la danse et des étudiants étaient présents pour assister aux différentes conférences autour des bienfaits de la danse sur les personnes âgées et les personnes atteintes de maladies neurodégénératives. Wilfried De Jong : « Un patient atteint de la maladie de Parkinson qui a du mal à se lever de sa chaise peut soudain se déplacer en douceur s’il pense à ses pas non pas comme à des pas, mais comme à de la danse ».   

La tête de Damien Comeliau fourmille encore de nouvelles idées. « Nous sommes en train de développer une plateforme par laquelle nous voulons créer une véritable communauté », explique-t-il. « Nous voulons soutenir sur le plan administratif les ASBL spécialisées en danse adaptée, afin qu'elles puissent se concentrer sur leur objectif principal. Nous voulons également fournir des ressources financières, des professeurs de danse et des espaces de danse. Le professeur de danse qui cherche un cours supplémentaire pour les personnes âgées, l’association qui cherche un espace de danse, les personnes malades qui souhaitent participer à un nouveau cours, le danseur qui aimerait devenir professeur de danse adaptée aux personnes fragilisées, ...  Ils se rencontrent via la plateforme, et nous les aidons en les soutenant dans l’organisation pratique. » 

La nuit tombe sur Liège. À la Mosa Ballet School, les lumières sont encore allumées dans la salle de danse. Un dernier plié. Encore un grand battement. Bientôt, les jeunes danseuses et danseurs se retireront dans leurs chambres. Ils appelleront leur famille en Facetime ou flâneront avec leurs camarades de classe. Demain est un nouveau jour. 

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Danser à la banque

« Mon cœur battait la chamade lorsque j'ai traversé les couloirs de ce bâtiment », se souvient Benjamine De Cloedt lorsqu'elle a découvert le bâtiment de l’ancien siège régional de la Banque nationale de Belgique. « J'ai vu les bureaux et, dans mon esprit, ils se sont immédiatement transformés en studios de danse. La salle des coffres avec son énorme porte en acier, nous pouvions la transformer en vestiaire pour que les étudiants s'y changent. Mais ce qui attire tout de suite l’attention, c’est bien sûr le monumental hall d’entrée en marbre... Quel cadre pour nos spectacles de ballet ! Nous pouvons facilement y accueillir 700 personnes ! »  

En 2018, Benjamine De Cloedt a acheté le bâtiment de la Banque nationale de Belgique. Elle l'a ensuite rénové, puis offert à une fondation d'utilité publique financée par des fonds publics (40 %), des fonds privés (30 %) et les élèves. Sa situation est parfaite, au centre de Liège et à proximité de l’opéra. Avec une superficie de 12 000 m2, il offre tout l’espace dont peut rêver une école de ballet de 120 élèves. Dix studios de danse, quatre salles de classe, une bibliothèque, une infirmerie, une salle de sport, un auditorium pour les conférences, un restaurant scolaire avec un jardin intérieur verdoyant, des chambres pour les artistes en résidence et un internat de 100 lits.   

« Nous avons un studio de danse, le Petipa, avec un plan incliné de 5 %. Ceux qui parviennent à danser ici peuvent facilement rivaliser avec le niveau des prestigieuses écoles de danse de Londres et de New York », lance fièrement Benjamine De Cloedt.   

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La transformation de la banque en école de danse a évidemment nécessité une importante rénovation.  « Avec l'architecte Pierre De Wit, du bureau dA Architectes, nous avons cherché le juste équilibre entre la préservation du patrimoine et la nouvelle fonction du bâtiment en tant qu’école », explique Benjamine De Cloedt. 

Le respect des matériaux anciens et de l’âme du bâtiment a été concilié avec le confort contemporain, les équipements ad hoc et la convivialité. L’empreinte écologique a également fait l’objet d’une attention particulière. On a installé des panneaux solaires et un système de récupération des eaux de pluie. Benjamine De Cloedt : « La Mosa est une école d’art durable, et chaque détail doit le refléter. Nous avons créé un environnement dans lequel les étudiants se sentent en sécurité et à l’aise, afin qu’ils puissent se concentrer pleinement sur leurs ambitions ». 

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Un rêve et un hommage

Ce n’est pas un hasard si Benjamine De Cloedt rêvait de fonder un jour une école. Son père, capitaine d’industrie de la société de dragage De Cloedt, lui a transmis les clés du pouvoir émancipateur de l’éducation et appris l’importance de l’inclusion. « Il connaissait les résultats scolaires de la plupart des enfants de ses employés », assure-t-elle. Ces valeurs sont restées gravées dans la mémoire de Benjamine et de sa sœur Marinette, dont elle était très proche. Lorsque Marinette est décédée beaucoup trop jeune il y a cinq ans, Benjamine a voulu transformer son immense chagrin en un projet positif dans lequel l’âme de Marinette pourrait continuer à vivre. Son idée de créer une école de ballet a alors pris un élan décisif. À l’époque, le bâtiment de la Banque nationale à Liège était en vente. Pour l’architecte d’intérieur qu'est Benjamine De Cloedt, c’était l’endroit rêvé pour abriter son école de danse. Grâce à son acte purement philanthropique, la Mosa voit le jour. Et aujourd’hui, un des studios de danse porte le nom de Marinette De Cloedt, un bel hommage à cette sœur qui partageait la même vision d’un avenir meilleur.

 

Envie de lire un autre article ? Consultez la page dédiée à la 3e édition d'Inspired. 

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