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Résultats des entreprises : meilleurs ou moins mauvais que prévu

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Depuis la mi-juillet, les entreprises publient progressivement leurs résultats pour le deuxième trimestre. Vu le contexte macroéconomique actuel fait d’inflation très élevée, de problèmes d’approvisionnement et de hausses des taux d’intérêt, ils étaient particulièrement attendus. Dans cette vidéo, Théodore Dumont de Chassart qui travaille chez Cadelam, gestionnaire de fonds du Groupe, commente et analyse cette actualité. Lisez la transcription sous la vidéo.

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Pourquoi les investisseurs sont-ils si attentifs à la publication des résultats ?

Cet été, les investisseurs ont suivi ces résultats avec grande attention. Ils avaient de nombreuses questions : les entreprises allaient-elles réussir à répercuter les hausses de prix sur les consommateurs ? La récession menaçant nos économies se verrait-elle déjà dans les chiffres de vente, de commande ou de stock ?

Les résultats – comme le chiffre d’affaires et les bénéfices – reflètent la santé financière de l’entreprise. On compare les chiffres publiés par rapport aux prévisions annoncées dans le passé : les résultats sont-ils meilleurs ou moins bons que prévu ? Les investisseurs et analystes cherchent aussi des indications permettant d’estimer l’état de santé actuel de l’économie globale. Pour les entreprises, le contexte macroéconomique est en effet une réalité qui influence leurs activités au jour le jour.

Le passé est une chose, mais c’est surtout le futur qui importe aux investisseurs. Avec leurs résultats, les entreprises annoncent également les attentes qu’elles ont pour la suite de l’année : ont-elles confiance dans l’avenir ? Ces données sont essentielles pour juger de la résistance de l’entreprise, mais aussi de l’économie. Chacun essaye de comprendre ce qui va se jouer dans les prochains mois.

Quelles sont les prestations des différents secteurs ?

Dans l’ensemble, les résultats sont bons, mais ils comportent moins de bonnes surprises que par le passé.

Chaque trimestre, les banques américaines lancent la saison des résultats. Cette fois-ci, leurs performances sont mitigées selon les acteurs. Prudentes à cause des craintes de récession, elles créent des réserves pour faire face à d’éventuels défauts de paiement sur les crédits en cours. Pour la plupart d’entre elles, les bénéfices diminuent comparativement à l’année passée. Elles profitent toutefois de l’augmentation des taux d’intérêt.

Les secteurs qui performent le mieux sont l’énergie, la technologie, l’industrie et les soins de santé.

Des deux côtés de l’Atlantique, les résultats du secteur énergétique sont spectaculaires avec une croissance des bénéfices à trois chiffres. Ce secteur, comme celui des soins de santé vu son caractère défensif, bénéficie du contexte géopolitique tendu.

Dans la technologie, on peut citer par exemple Amazon, ASML et Apple qui ont surpris les marchés par leurs bénéfices. De son côté, Microsoft produit des résultats conformes aux attentes. Et le marché a réagi positivement aux nouvelles prévisions de croissance des bénéfices pour l’année.

Les secteurs des télécoms et de la consommation sont plus impactés par le contexte même si les résultats sont partagés. De fait, la demande pour certains biens faiblit avec la persistance de l’inflation. Face aux prix élevés de l’énergie, les ménages changent leurs habitudes, car ils disposent d’une quantité moindre d’argent pour des dépenses plus triviales. Par ailleurs, les marges étant plus minces, certains acteurs ne réussissent pas à répercuter leurs hausses de coût au consommateur. Cela dépend de leur pouvoir de fixation des prix. Les marques solides qui fournissent les supermarchés, comme Unilever ou Nestlé, parviennent à le faire intégralement, ce qui leur permet de maintenir leurs marges. Par contre, le supermarché Walmart est mis sous pression. Ses marges diminuent et le géant américain a annoncé deux « profit warnings », c’est-à-dire une révision à la baisse des prévisions des bénéfices, pour le deuxième trimestre, mais aussi pour l’ensemble de l’année.

À noter que les biens de luxe ne souffrent, pour le moment, pas du ralentissement de la demande. Par exemple, Hermès et LVMH ont annoncé une belle croissance de leurs bénéfices au premier semestre.

Comment interpréter ces résultats ?

L’interprétation des résultats est une question de perspective. L’environnement économique actuel est particulièrement difficile et les attentes avaient donc été plusieurs fois revues à la baisse. Les investisseurs craignaient en effet des résultats en forte baisse. Et heureusement, ça n’a pas été le cas. De nombreuses entreprises font preuve de résilience et parviennent encore à conserver des marges d’exploitation suffisamment importantes. C’est à l’heure actuelle une bonne nouvelle.

Ceci dit la prudence reste de mise, car les prévisions des entreprises pour le deuxième semestre restent modérées, et sont même parfois revues à la baisse. C’est en soi une preuve que ces entreprises s’attendent à un ralentissement économique. Ainsi malgré la croissance de leurs bénéfices, Apple et Microsoft ont annoncé une réduction de l’engagement de nouveaux collaborateurs pour les mois à venir.

Rappelons également que la situation économique n’est pas identique aux États-Unis et en Europe. Les premiers sont plus avancés dans la normalisation de leur politique monétaire et l’inflation s’est répandue à tous les niveaux. Sur notre continent, elle reste actuellement plus liée à l’énergie – la guerre en Ukraine étant un élément important de cette problématique. À voir comment tout cela évoluera au cours des prochains mois – notamment avec l’hiver.

La résilience des entreprises va donc être mise à l’épreuve. Leur défi sera de maintenir leurs marges et leurs bénéfices à de tels niveaux malgré le ralentissement économique et des prix toujours élevés.

Quoi qu’il en soit, nous restons particulièrement attentifs à l’évolution de la situation économique.

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