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La gestion de patrimoine responsable, une nouvelle réalité, loin des effets de mode

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Responsabilité sociétale des entreprises, Investissement socialement responsable, actionnariat actif : l’intérêt croissant que porte le secteur financier au développement durable est particulièrement frappant. Quels en sont les derniers développements ? Comment Delen Private Bank appréhende-t-elle ce thème ? Comment intègre-t-elle le développement durable à son processus d’investissement ? Entretien avec Elio Rombouts et Jean-Louis de Hasque, en charge de la mise en oeuvre de la politique d’investissement responsable au sein de la Banque.

Le développement durable est-il un effet de mode ?

Elio Rombouts : Bien au contraire. Le développement durable s’est au fil du temps mué en courant dominant, et c’est indiscutablement une bonne chose. Il aide tous les intéressés – dont les investisseurs en fonds de placement - à se faire une idée plus claire des gestionnaires d’actifs en général et des stratégies de gestion durable en particulier. Je dis bien « aide », parce que « surcroît d’information » ne rime pas nécessairement avec « surcroît de clarté ».

La confusion régnerait-elle donc parmi les investisseurs ?

Jean-Louis de Hasque : Une vraie prise de conscience est en cours, nous le constatons chaque jour au nombre croissant de questions qu’on nous pose sur ce thème. Parfois, les investisseurs nous interrogent spécifiquement sur des problématiques sous-jacentes, par exemple : investissez-vous dans des activités controversées comme la production d’armes ou le tabac ? On nous pose parfois des questions plus fondamentales, par exemple : quelle est la vision de Delen Private Bank sur le développement durable ? À toutes ces questions, la Banque offre une réponse cohérente, que ce soit dans son rôle d’entrepreneur ou d’investisseur.

« Un programme d’investissement responsable cohérent impose de ne pas bricoler à la marge, mais de prendre un engagement clair, partout et toujours. »

Delen Private Bank pratique-t-elle déjà l’investissement responsable ?

Elio Rombouts : Bien sûr ! De nos jours, il est essentiel de pratiquer une approche responsable de la gestion de patrimoine. Pour tout vous dire : c’était déjà vrai par le passé. Delen Private Bank, telle que vous la connaissez aujourd’hui, est le résultat de plus de quatre-vingts ans de croissance durable. Ce succès reflète les valeurs fondamentales de la Banque : intégrité, service personnalisé, vision à long terme, transparence et rigueur. Ces valeurs nous guident dans le choix de nos actions et dans la manière de les mettre en oeuvre. Et cela inspire confiance au client.

Jean-Louis de Hasque et Elio Rombouts

Est-ce à cela que vous faites référence avec l’ADN Delen ?

Jean-Louis de Hasque : Absolument. Ces dernières décennies, certaines pratiques telles que les rémunérations excessives et le blanchiment d’argent ont gravement mis à mal la réputation du secteur financier. Delen Private Bank s’est toujours ouvertement refusée à de telles pratiques. Nous sommes en mesure de démontrer très concrètement notre sens des responsabilités, parce que cela fait partie de ce que nous sommes.

Pouvez-vous nous en donner un exemple concret ?

Elio Rombouts : Chacun de nos contacts avec nos clients est empreint de notre approche personnalisée et familiale. La culture du bonus n’a pas cours chez nous, et nous maintenons une structure d’entreprise plate, où chacun reste accessible. Nous avons également pour ambition de fournir une prestation de service continue et transparente, notamment avec l’application Delen, plusieurs fois primée. Enfin, les deux premiers critères de notre stratégie d’investissement sont la sécurité et la prudence. Notre philosophie tient en trois mots : « Keep it simple ». Ni structures complexes, ni produits opaques.

Comment l’ADN Delen se traduit-il dans la gestion de portefeuille ?

Jean-Louis de Hasque : La mission de Delen Private Bank est très claire : protéger et gérer les patrimoines en bon père de famille. Cette approche prudente, loin des effets de mode passagers, donne des résultats à long terme.

« En tant que gestionnaire d’actifs, nous sommes parfaitement conscients de l’impact de nos investissements. »

En quoi la gestion de patrimoine connaît-elle malgré tout une évolution ?

Elio Rombouts : De plus en plus, nous intégrons des paramètres non financiers au processus d’investissement. Il s’agit de données liées à l’environnement, à l’humain et à la gouvernance (ESG, acronyme de Environmental, Social, Governance en anglais). Tôt ou tard, une entreprise qui viole le fondement des principes ESG en paie les conséquences. Elle se crée des problèmes en termes de réputation et témoigne d’un manque général de vision à long terme, que ne manquent pas de sanctionner tant les investisseurs que les clients.

Il y a donc bien une influence sur le rendement ?

Jean-Louis de Hasque : Bien entendu. De nombreuses études financières montrent qu’en matière de gestion de portefeuille, la prise en compte de paramètres non-financiers améliore le rendement financier. L’intégration ESG s’inscrit donc parfaitement dans notre philosophie d’investissement. Nous faisons primer le bon sens, dans une optique de long terme, en prêtant toute l’attention voulue à la maîtrise des risques.

Chacun des volets (E, S, G) reçoit-il la même attention dans le secteur financier ?

Elio Rombouts : Aujourd’hui, c’est le volet écologique qui retient le plus l’attention du public, et ce n’est guère étonnant, puisque nous n’avons pas de « planète B ». Pourtant, la lutte contre le réchauffement climatique ne coule pas de source. Le 1er juin 2017, le président Trump retirait les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, déclenchant immédiatement une puissante contre-offensive. De New York à la Californie, nombre d’États ont explicitement décidé d’adhérer à l’accord.

Jean-Louis de Hasque : Investir dans une optique positive à long terme ne s’arrête évidemment pas là. Dans la sélection de nos investissements, nous prenons également en compte des paramètres de politique sociétale, comme le respect de conditions de travail décentes, la bonne gouvernance, ou la justification de la rémunération des administrateurs.

Delen Private Bank propose-t-elle des placements durables ?

Jean-Louis de Hasque : Oui, bien sûr, mais cela ne résulte pas d’une stratégie commerciale. À nos yeux, promouvoir un discours d’investissement responsable cohérent n’est possible que si l’on prend en compte tous les placements. En d’autres termes : pas de bricolage à la marge, mais un engagement clair et universel. Nous avons développé notre politique d’investissement responsable en collaboration avec Capfi Delen Asset Management. Elle s’applique à tous les fonds de placement.

Que signifie concrètement cette « politique d’investissement responsable » ?

Elio Rombouts : Nous optons pour une approche pragmatique et nuancée. Comme exemple de cette approche extensive, citons notre politique d’exclusion. Avec l’aide d’opérateurs de poids dans le domaine du développement durable, comme le Fonds de pension norvégien, nous excluons du portefeuille les entreprises qui se livrent à des pratiques dégradantes pour l’être humain ou pour la nature. Par ailleurs, nous faisons vérifier par un fournisseur de données spécialisé si les entreprises respectent les directives des Nations Unies en matière d’environnement, de droits de l’homme, de conditions de travail et de lutte contre la corruption. Enfin, nous éliminons certains secteurs incompatibles avec nos principes de base, comme l’armement et le tabac.

Comment faites-vous pour exercer une influence positive ?

Jean-Louis de Hasque : Parfois, nous n’avons pas d’autre choix que d’exclure une entreprise, mais à long terme, nous privilégions le dialogue au travers d’un actionnariat actif. Cela signifie que nous nous faisons entendre en tant qu’investisseur. Dès que survient une controverse, nous entamons un dialogue actif en vue d’obtenir un changement concret de politique. Nous collaborons avec Hermes EOS, un organisme indépendant spécialisé en dialogue actionnarial et en vote par procuration. Quand le dialogue échoue, nous disposons d’un ultime recours possible, à savoir un vote à l’assemblée générale. Même s’il ne faut pas sous-estimer cet effet « sanction », nous mettons d’abord l’accent sur le dialogue constructif.

Elio Rombouts : Concrètement avec l’engagement actionnarial, nous visons la transition énergétique, le renforcement des contrôles en matière de lutte contre la corruption et l’indépendance du conseil d’administration.

« Notre sélection d’investissement tient compte des trois paramètres : écologie, politique sociétale et bonne gouvernance. »

Jouez-vous également un rôle actif dans le débat social sur le thème de l’investissement responsable ?

Elio Rombouts : En tant que signataire de l’UNPRI (United Nations Principles for Responsible Investment), Delen Private Bank s’engage avec conviction pour rendre le système financier mondial plus durable. La Banque participe également activement au dialogue avec les autorités de régulation et avec ses collègues gestionnaires d’actifs, qu’il s’agisse de consultations menées par la Commission européenne ou par l’association sectorielle BEAMA sur la définition et les options politiques en matière d’investissement responsable.

La pratique de l’investissement responsable restera-t-elle importante à l’avenir ?

Jean-Louis de Hasque : Bien évidemment, car cette politique d’investissement reflète l’ADN de Delen Private Bank. La pratique de l’investissement et de l’entrepreneuriat responsable fait partie de notre identité. La Banque peut avoir un impact en exerçant son coeur de métier : investir. Cela nous place dans une situation unique et nous prenons l’engagement de continuer à faire la différence, jour après jour, pour un avenir meilleur et plus prometteur.

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